Très souvent on entend dire :
« le client est roi. »
Ce qu’il est intéressant de noter ici est que la phrase n’est pas complète, elle continue :
« … mais que veut le roi ? »
Quel rapport avec le design ?
C’est une bonne question, si vous l’avez posée.
En tant que designer, avoir à faire à un individu qui ne sait pas ce qu’il veut peut vite tourner au cauchemar.
Avant néanmoins d’entrer dans le vif du sujet, un exemple de la vie courante s’impose :
Vous êtes à la caisse du supermarché, sur le point de payer vos courses et votre enfant (pour ceux qui en ont) demande un bonbon.
Vous lui dites : « Oui, prends celui que tu veux ».
Qu’est-ce que vous remarquez généralement ? Il ne choisi pas.
Il ne choisi pas parce qu’il a l’embarras du choix, vous devez donc le faire pour lui.
Le client est roi…
Cela signifie-t-il que nous devrions donner au client tout ce qu’il veut ?
1. Cas de figure
Vous venez de recevoir le feedback d’un client à propos d’un concept que vous lui avez soumis. Il aime la direction artistique que vous avez prise, et pense que vous y êtes presque.
Maintenant, si vous pouviez juste changer l’arrière-plan en bleu, et ajouter quelques dégradés (pour donner une impression de 3D, au lieu de cet aspect trop plat), et changer la police en police sans-serif (la police serif donne un air démodé au site, et après la modification, le site devrait avoir une apparence plus moderne). Aussi, si ce n’est pas trop embêtant, veuillez s’il vous plaît ajouter un menu déroulant avec quelques « liens rapides ».
Quand il s’agit de design, les clients ne s’y connaissent pas toujours le mieux.
En fait, c’est la raison pour laquelle ils vous engagent, vous, l’expert.
Une partie du contrat est qu’ils s’attendent à ce que vous leurs fournissiez un travail de qualité.
Le piège est qu’ils s’attendent à ce que vous leur donniez ce qu’ils veulent.
2. Comment déterminez-vous quand vous plier aux volontés du client ?
C’est le projet du client, et c’est l’argent du client, donc il est raisonnable pour le client de s’attendre à ce que vous lui donniez ce qu’il demande.
Référez-vous à l’exemple précédent : vous savez, je sais, et le client sait, que ces requêtes sont directes et simples à mettre en place.
Vous pourriez faire ces modifications, et tout à fait honnêtement cela rendrait votre vie un peu plus facile si vous l’aviez fait. Le client serait aux anges, le design aurait été approuvé, et le projet aurait rapidement évolué vers la prochaine étape de développement.
C’est tentant.
Vous pouvez même subir de la pression de la part du directeur du projet pour faire juste cela… Juste donner au client ce qu’il a demandé.
Mais pour certains d’entre nous, ce n’est pas aussi simple. Vous avez moulé passion et résolution de problème dans le design, qui est à la fois bien pensé et remarquablement de bon goût… Et il y a la fierté de la propriété qui va avec.
Abandonner le contrôle sur votre création peut être très difficile, spécialement si le client veut retirer les éléments qui la caractérise.
Et vous ne voulez certainement pas tomber dans le piège de laisser le client dicter le design. Dans ce scénario, personne ne gagne.
Félicitations, vous venez de devenir le stéréotype du designer « casse-noisettes ».
Les disputes qui commencent souvent comme de simples divergences de goût, peuvent souvent se transformer en une guerre passive pour le contrôle du projet.
Il existe tout un arsenal de tactiques qui peuvent vous aider à vendre à votre client un design plus efficace. Il est vraiment important d’être capable de communiquer la logique (l’axe stratégique) de vos décisions graphiques au client. Ce dont il est spécialement question ici, c’est d’éviter des impasses entre les designers et les clients qui émergent de l’entêtement, lorsque ni les uns ni les autres ne veulent faire de compromis.
Le designer ne veut pas sacrifier son intégrité en livrant un design qu’il n’estime pas être la meilleure solution (c’est-à-dire livrer une nullité), et les clients ne veulent pas accepter un site web qu’ils n’aiment pas.
Vous ne pouvez pas, et ne devez pas persuader quelqu’un d’aimer votre design.
Lorsque ce genre de conflit survient, vous devez être capable de mettre votre ego de côté. Sûr, vous devez en savoir plus sur le graphisme ou l’expérience utilisateur que le client, mais à quel point sa requête est-elle radicale ? Quelles pourraient-être les conséquences actuelles d’implémenter ces requêtes ?
Vous battez-vous pour votre design parce que c’est la meilleure solution, ou tout simplement parce que vous êtes borné sur votre idée ?
L’implication du client est une part importante du processus de création.
Dans le but pour le projet d’être voué au succès, les designers ont besoin d’être capables d’écouter objectivement les clients, et leur donner quelque chose qu’ils veulent.
Créez pour le client et les utilisateurs, pas pour votre portfolio.
Quelques décisions de mauvais goût de la part des clients ne doivent pas suffire à ruiner un projet de création bien planifié.
Souvenez-vous que le projet est leur bébé, et ils (et leur audience) sont les seuls qui auront à vivre avec.
Il y a une grande différence entre style et utilisabilité. L’audience sera à même de tolérer plus facilement le « laid » que « l’inutilisable ».
Nous continuerons à nous étendre sur le sujet dans la deuxième partie de ce post. … Mais que veut le roi ?