Le Made in Cameroon, pourquoi j’y crois encore

Le Made in Cameroon et moi c’est une histoire d’amour/haine. Mais, un peu de patriotisme pour ce 600^ème article sur notre blog. 🇨🇲 Oui, 600 articles. Sacré cap. 🥳

Il y a deux semaines à peu près, une dame représentant une centrale d’achats me rencontre à l’agence pour les problèmes de packaging d’une « marque » de café Camerounais. 🙄

Ma première question fut la suivante :

Êtes-vous sûre que c’est un problème de packaging ?

Elle me répondit :

Oui, mon patron est allé à la rencontre des producteurs, et leur a expliqué que pour mieux vendre, il faut améliorer le packaging.

Je continuai :

OK, ça va vous coûter 1500 €, hors droits d’exploitation.

Autant dire qu’elle était choquée par le prix. 😂😂

Au fil de notre discussion, je lui ai démontré que j’aurais pu me contenter de lui prendre de l’argent pour lui donner ce qu’elle était venu chercher, mais que je préférais l’aider à y voir plus clair, gratuitement. 😉

Le packaging n’est pas toujours important

À un niveau fondamental, lorsqu’il s’agit de produits de consommation de masse, le packaging n’est pas toujours important. Du moins, au début.

Je sais que cette déclaration me vaudra une volée de projectiles, mais permettez-moi d’arriver au bout de ma réflexion :

Avant d’attaquer un marché, on commence par un échantillon. Pour cela, il faut se concentrer sur son produit, et plus précisément, sur la qualité de son produit.

Gary Vaynerchuck l’a si bien dit récemment :

Lorsqu’il s’agit de vente, beaucoup de personnes ne vendent pas parce qu’elles ne croient pas en ce qu’elles vendent.

Je vais essayer d’expliquer à travers mon expérience. J’ai très souvent eu affaire à des vendeurs qui ne connaissaient rien du produit qu’ils vendaient, à des chefs d’entreprises qui ignoraient tout de l’industrie dans laquelle ils se lançaient. Sérieux, on fait ça comment ? 😂😂😂

Vous ne pouvez vendre un produit que vous n’avez pas vous-même d’abord essayé (en dehors des médicaments, qui sont généralement prescrits).

Une histoire de café, depuis la tendre enfance

La commerciale qui est venue me parler du packaging du café n’y connaissait pas grand chose en café. Je suis amateur de café, car mon père m’y a initié dès l’âge de 11 ans. 😉

Elle parlait de café torréfié, de café en grain, et de café moulu sans savoir à quoi ces concepts renvoyaient dans la réalité.

Déjà parlons de grains de café (nature ou torréfié) : le café est vendu en grain parce que certains puristes aiment se rassurer de ce qu’ils vont boire. En effet, il existe des différences physiques entre l’arabica et le robusta. La fève d’Arabica est de forme ovale à allongée et peut être de couleur rouge, jaune ou violette. La fève Robusta est plus petite et plus ronde, de couleur jaune à brun.

Mais saviez-vous qu’il existe une variété d’origine qui n’est cultivée qu’en Ethiopie et au Yemen ? Le Moka !

Qu’est-ce que c’est que la torréfaction ? La torréfaction est l’action d’exposer un aliment à un feu direct ou à une source de chaleur adaptée. Elle donne un arôme qui rappelle l’odeur des aliments un peu grillés, calcinés. La torréfaction est utilisée aussi bien dans la fabrication du café ou du cacao que de la bière. D’après Wikipedia, hein ?

Et quand on parle de café moulu ? Eh bien, c’est lorsqu’on a écrasé du café torréfié et qu’on peut le consommer en poudre, en le mettant dans un filtre puis en y faisant passer de l’eau chaude. Bref, c’est à ça que servent les cafetières, faire passer du café moulu.

Bon ceci n’est pas un article sur le café, hein ? Donc avançons. 😋

Je parlais de commencer dans un échantillon de son marché cible, pour jauger de la qualité de son produit, avant de chercher à s’étendre pour devenir compétitif.

Les tests

D’après David J. Bland & Alex Osterwalder dans leur livre Testing Business Ideas, les 5 étapes de test sont :

1. Extraire les hypothèses
Concevez votre business model ou votre proposition de valeur, puis déterminez ce qui doit être vrai pour que votre idée fonctionne

2. Concevoir des expériences
Testez vos hypothèses les plus critiques avec des expériences bien pensées

3. Recueillir des preuves
Allez dans le monde réel et parlez à des clients potentiels

4. Générer des informations
Étudiez votre preuve pour voir si elle valide ou invalide vos hypothèses

5. Passer à l’action
Prenez des décisions éclairées pour faire avancer votre idée : pivoter, persévérer ou abandonner

Pour des produits de consommation de masse, comme dans notre exemple, le café, il n’y a quasiment aucun risque de rejet par le marché. Le gros challenge serait d’amener les consommateurs à changer leurs habitudes. Il s’agira de les emmener à vous préférer à ceux auxquels ils sont déjà habitués.

Du branding pour le Made in Cameroon

C’est ici que vous devez aller au-delà du produit, vous devez commencer à penser en tant que marque. Pourquoi ?

Une marque est une proposition de valeur toujours remplie. Autrement dit, dans l’esprit de notre consommateur, une marque représente la sécurité de recevoir un produit ou un service de manière attendue et de manière constante. Grâce à une bonne identité de marque, nous pouvons transmettre des valeurs, générer de l’attente, de la surprise et du désir. Nous pouvons changer les perceptions et influencer les affects.
– Partn&rs

Ce qui me conduit à la conclusion de mon histoire avec la dame. Je me suis levé et je suis allé dans l’espace cafétéria de l’agence et je suis revenu avec du café conditionné à kilo et j’ai demandé à la dame :

Vous connaissez cette marque ?

Elle m’a répondu :

Oui, c’est le café du Cameroun.

Et moi de continuer :

Je bois ce café depuis que j’ai l’âge de 11 ans, parce que c’est le café que mon père buvait [en 100% arabica]. Une fois grand, j’ai essayé de changer, des cafés « importés » aux autres cafés locaux, je n’ai pas trouvé satisfaction, et je suis resté sur cette marque.

Et sérieux, je ne peux pas vous dire exactement ce qu’il y a d’extraordinaire sur leur packaging. Vous comprenez donc que ce n’est pas le plus important pour un ancien consommateur de cette marque, n’est-ce pas ? »

Ses yeux se sont illuminés, et elle a dit :

Je comprends maintenant, il faut la dégustation. Les gens doivent d’abord goûter… On commence par Bafoussam, au fief du client…

Mon interview en deux parties sur le Made in Cameroon

J’en dis plus dans cette interview en deux parties disponible le 06 avril 2021 à 16 heures [pour ceux qui sont en avance, il faut définir un rappel, pour être les premiers à voir 😉] ici :

Et là :

Voilà pour ce 600^ème article. Comme j’ai beaucoup bavardé dans les vidéos, je garde le texte court. En espérant que vous avez apprécié. 😋