Il y a bientôt dix ans, j’ai vu des personnages de BD camerounais dignes de Todd McFarlane qui m’ont fait rêver. Vie de jeunes. Et c’était un mec répondant au nom de Georges Pondy (et son acolyte Ntep Kelly) à Yaoundé qui en était l’auteur.
Je me suis dit : « Que de talents au Cameroun, et comme d’habitude, il n’y aura pas d’accompagnement… »
Mais le mec a tenu bon, et aujourd’hui il est au sommet de son art, à mon humble avis. Et c’est parti pour durer.
Qui est Georges Pondy ?
Membre du collectif A3 et autodidacte, Georges Pondy a démarré dans le 9ème art en publiant en 2007 deux numéros de la série Les Cop’s.
Dès 2009, il dessine avec Ntep Adams Kelly la série à succès « Vie de jeunes ». Vendu à 100 FCFA, Vie de jeunes tirera jusqu’à 150 000 exemplaires. De 2010 à 2012, avec le collectif A3, Georges Pondy participe à l’aventure du magazine Bitchakala. Magazine dans lequel il propose la série 3H Chrono et Pulsions.
En 2012, il publie chez Ifrikya l’album CATY: Ça va chauffer, une histoire complète sur son héroïne policière Jacky Wabo. La ville de Yaoundé sert de décor à cette histoire. Georges Pondy devient dès 2014 Directeur Artistique chez Kiro’o Games. Là, il participe à l’aventure Aurion, le premier jeu vidéo camerounais.
Auteur prolifique au dessin marqué par l’anatomie, Georges Pondy est aujourd’hui un auteur reconnu avec une dizaine de BD à son actif.
Je m’appelle Pondy Georges, né le 8 Mars 77 à Yaoundé, artiste dessinateur, auteur de BD, fan de comics, de dessins animés et de jeux vidéo et par chance ce sont les trois domaines principaux dans lesquels je travaille !
1. Pourrais-tu nous décrire une journée type de Georges Pondy ?
Mes journées se ressemblent assez. Comme je me couche tard, j’ai l’habitude de me lever vers 9h. Puis une fois debout, je prends une demi-heure pour mes exercices physiques, étirements, pompes, abdos et autres…
Après quoi je prends un bon bain puis je file au boulot à la suite de l’achat de mon petit dèj’ à la sortie du quartier (beignets, haricot, bouillie )…
J’arrive au bureau entre 10 et 11h, je bouffe. Puis je me lance pour terminer vers 21h. Des fois même bien plus tard, quand je pars de là j’arrive à la maison vers 22h. Je bouffe un peu puis je me remets au boulot quand j’ai des travaux perso comme c’est le cas en ce moment. Et il m’arrive donc de me coucher vers 2 ou 3h du mat !
2. Comment es-tu arrivé dans le dessin ?
Je ne saurais vraiment le dire… Ce que je sais c’est que aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours dessiné… En fait depuis l’école primaire, peut être même avant… Mais de manière pro c’est depuis 2004 avec la sortie de ma première BD (les cop’s). C’est à ce moment que je prends conscience que c’est un boulot qu’il faut réellement prendre au sérieux. Car je m’aperçois qu’il y a beaucoup de gens qui sont intéressés par ce que je fais.
3. Comment gères-tu un nouveau projet ? À quoi ressemble ton processus créatif ?
Généralement je préfère bosser sur un projet à la fois. Mais il arrive qu’il y en aie plusieurs qui me tombent dessus en même temps. Malgré cela j’accorde toujours une importance particulière à chacun d’eux… Quand c’est de la BD par exemple je prends le temps de faire des recherches sur le sujet de travail.
Puis je commence à faire des croquis histoire de me familiariser avec l’univers du projet. Après, je suis le processus standard de réalisation d’une BD :
- storyboard,
- crayonné,
- encrage,
- colorisation,
- lettrage
- puis montage…
[…] car j’aime bien exécuter toutes ces taches moi-même pour m’assurer que les choses se font comme je le veux.
4. Georges Pondy, quels sont les outils qui, s’il t’était demandé de t’exiler sur une île déserte tu emporterais avec toi ?
Papier, crayon, gomme, et s’il y a du courant sur l’île, mon laptop et ma tablette graphique.
5. Enfin, quels conseils/astuces donnerais-tu à quelqu’un qui envisage de commencer ce métier ?
Je dirais d’abord qu’on ne se lance pas dans ce métier comme on devient maçon ou autre. Il faudrait au préalable avoir certaines prédispositions. Genre, un minimum de talent et une certaine dose de zenitude. Car les choses ne sont pas toujours roses, et il faut pouvoir tenir le coup tout en restant concentré sur le boulot qu’on a à faire.
De plus il faut savoir que le succès ou la fortune n’arriveront pas tout de suite. Alors, il faut bosser chaque jour et rester ouvert à la critique d’où qu’elle vienne.
6. Georges Pondy, parle-nous un peu du projet Aurion !
C’est un projet majeur dans ma vie. Il m’a permis d’élargir mes horizons aussi bien sur le dessin animé que sur le jeu vidéo.
En effet, en fin 2013 je suis contacté par Olivier Madiba, le promoteur du projet « Aurion : l’héritage des Kori Odan ». Il me propose de devenir le directeur artistique de Kiro’o Games. Voilà comment je me retrouve entrain de faire du jeu video.
Je suis notamment chargé de créer la plupart des personnages. Mais aussi d’animer tous les personnages principaux, ainsi que la plupart des boss du jeu. C’est une très belle aventure avec une très belle équipe…
7. Quelle est ton actualité, tes projets en cours ou à venir ?
Je travaille depuis le début du mois sur l’adaptation du jeu Aurion en bande dessinée. Il y a déjà un chapitre prêt…
Je bosse également sur la suite de mes deux albums CATY et OUPS qui sortent justement à l’occasion du Mboa BD 2017…
Il y a également une série animée avec un organisme international qui est en cours, et plein d’autres trucs encore…
Retrouvez Georges au MBOA BD Festival 2017, le 30 Novembre 2017 et le 07 Décembre 2017, respectivement à l’IFC de Douala et à l’IFC de Yaoundé pour une master class sur Comment réaliser une animation illustration pour la BD, le dessin animé ou le jeu vidéo.
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