Interview : 15 Minutes avec Claye Edou

couverture livre processus de conception d’un logo

Le processus de conception d’un logo compte huit chapitres, sur 114 pages. Il aborde les notions fondamentales du design pour créer des logos réussis.

Le livre fait surtout le point sur les connaissances en branding nécessaires à tout bon créateur de logo.

Claye Edou. Ce nom ne vous dit peut-être pas grand-chose, mais si je vous dit « Minga et la cuillère cassée » votre visage s’éclairera, non ? Parce que ça au moins, vous n’avez pas pu passer à côté.

Librement inspiré du conte populaire « La cuillère cassée », le film raconte l’histoire de Minga, jeune orpheline qui vit chez sa marâtre Mami Kaba. Cette dernière, femme acariâtre qui n’hésite pas à mener la vie dure à la petite Minga, mettra la petite orpheline hors de chez elle pour une cuillère cassée pendant la vaisselle quotidienne. Débute alors pour notre petite héroïne, une véritable aventure ponctuée de mélodies, d’amitiés, de doutes, d’aventures, et de plein d’autres surprises !

Qui est Claye Edou ?

Claye Edou est le directeur du studio Cledley Productions. Après des études de génie agro-industriel et en comptabilité/Finances, il a travaillé comme contrôleur de gestion dans 2 multinationales tout en s’adonnant à ses passions de toujours, le dessin et la musique.

Il a participé à plusieurs expositions en tant que portraitiste et exercé en tant que chanteur dans plusieurs orchestres et chorales. Sa passion pour le cinéma d’animation le pousse à se lancer dans la réalisation de ce premier long métrage 100% camerounais pour lequel il a écrit le scénario, dessiné le story board, participé à la conception des chansons et a assuré le doublage d’un personnage secondaire.

Pourrais-tu nous décrire une journée type de Claye Edou ?

Vu la diversité de mes activités c’est assez difficile à définir. Sinon, je suis plutôt lève-tôt. Tout commence avec la prière puis un peu d’exercice physique, avant de prendre le petit déjeuner avec ma petite famille. Après avoir déposé les enfants à l’école, je me rends tout naturellement au travail, vu que je suis contrôleur de gestion dans une entreprise industrielle de la place.

Claye Edou entouré des personnages de son long métrage (dessin animé) Minga et la cuillère cassée

Tout au long de la journée je m’accorde des petites pauses pour m’informer de l’actualité ou communiquer sur les réseaux sociaux mais aussi me relaxer. Maintenant le samedi je vais généralement au studio d’animation pour les séances de briefing/débriefing avec les artistes et le dimanche est généralement réservé aux activités familiales et religieuses (je suis conseiller paroissial au Cinquantenaire de l’Eglise Evangélique du Cameroun). Tiens, je viens plutôt de décrire une semaine type ! (rires)

Qu’est-ce qui t’a poussé vers le dessin animé ?

Depuis ma tendre enfance j’ai toujours été attiré par le dessin et la musique. J’ai toujours été fan des séries animées qui été diffusées à la télévision et lorsque j’ai découvert les classiques « Merlin l’enchanteur » et « La belle au bois dormant » produits par Walt Disney, cela a provoqué un déclic, je suis devenu immédiatement fan des longs métrages d’animation d’ailleurs. D’ailleurs, dans les années 90, je me faisais un devoir de me rendre au cinéma le Wouri à chaque fois qu’un tel film y était projeté.  En parallèle je me suis mis à chasser toute la documentation disponible sur les techniques d’animation.

Comment as-tu géré le projet « Minga et la cuillère cassée ? » À quoi a ressemblé ton processus créatif ?

Le fait d’un être comptable et financier de formation, d’avoir une expérience professionnelle assez solide en tant que contrôleur de gestion  et d’avoir piloté des projets de grande envergure a été d’un grand apport lorsqu’il a fallu monter un business plan convaincant pour mes partenaires et mener à bien la production de ce film.

Capture d’écran Minga et la cuillère cassée

Pour ce qui est du processus créatif en lui-même, j’ai d’abord été un chevalier solitaire, écrivant le scénario et les dialogues. Mes premiers collaborateurs ont été le parolier et le compositeur puisqu’il fallait émailler le récit de diverses chansons, avant de passer à l’étape du story board. Puis sont entrés dans la danse les concepteurs graphiques, les comédiens, les chanteurs, les musiciens, la chorégraphe et les danseurs. Une fois la phase de pré-production achevée, les artistes chargés des décors et de l’animation des personnages ont pris le relai pour une longue phase de production avant qu’on ne termine avec la post-production pour laquelle nous avons enregistré des musiques additionnelles et procédé au montage audio/vidéo et au mixage. En tout une cinquantaine d’artistes et techniciens ont travaillé sur ce film.

Quels sont les outils qui, s’il t’était demandé de t’exiler sur une île déserte tu emporterais avec toi ?

De nos jours, il est devenu si facile de répondre à cette question vu que nous vivons à l’ère du smartphone qui est un tout-en-un ! (rires)

Enfin, quels conseils/astuces donnerais-tu à quelqu’un qui envisage de commencer un tel projet ?

Tout d’abord d’identifier ses talents et ses lacunes. Beaucoup de jeunes artistes qui ont un talent de dessinateur, une fois qu’ils se sont familiarisés avec certaines techniques d’animation veulent directement être « CEO d’un studio d’animation ».

Capture d’écran Minga et la cuillère cassée

Etre un bon scénariste, un manager, un gestionnaire, animateur, un directeur artistique ou un réalisateur sont des compétences bien distinctes et il faut savoir s’entourer des personnes avec lesquelles on a une parfaite complémentarité. Cela dit, mener à bien un projet de long-métrage d’animation est un travail de longue haleine et souvent éprouvant. Il faut donc s’armer de beaucoup de courage et de foi.

Comment est-ce que tu as perçu l’accueil du public ?

Les réactions très positives et l’accueil chaleureux réservé au film lors de la première mondiale et du festival Mboa BD ont été un motif de satisfaction. Lire la fierté sur les visages et voir l’engouement des enfants qui réclamaient une suite aux aventures de nos héros est arrivé comme la récompense de trois années et demi d’effort et a apaisé toutes nos craintes car il faut reconnaitre qu’il s’agissait pour nous d’un grand saut dans l’inconnu.

Affiche officielle du film Minga et la cuillère cassée

Nous n’avions aucune idée de ce qui pouvait attendre le premier long-métrage d’animation entièrement réalisé au Cameroun.

Quels sont tes projets à court terme ? À moyen terme ?

Pour le moment, poursuivre l’objectif de monter ce film au maximum de spectateurs au Cameroun en attendant les divers festivals internationaux qui devraient nous ouvrir les portes de la distribution à l’étranger. Bien sûr, nous ne comptons pas nous arrêter à ce film puisque la forte demande du public désormais avérée, mais il est bien trop tôt pour dévoiler le contenu du prochain film.