Quoi de mieux pour célébrer la journée des droits des femmes que de présenter une artiste (la deuxième) féminine dans cette série d’interviews ? Découverte et rencontrée à l’occasion de la huitième édition du Mboa BD Festival, Reine Dibussi est pour moi, la révélation BD de cette édition.
Malgré ses multiples occupations (dont la promotion de sa BD Mulatako), Reine a trouvé un moment pour répondre à nos questions.
Qui est Reine Dibussi ?
Bonjour Henri et merci beaucoup et pour l’intérêt pour mon travail et de me donner l’occasion d’en parler. Je suis camerounaise et française, j’ai 31 ans et je suis Illustratrice numérique (2D), portraitiste et auteure de la Bande Dessinée Mulatako parue en novembre 2017.
Je réalise des illustrations et ou des portraits pour entreprises et particuliers, je fais de la Bande Dessinée professionnellement et je gère une activité de goodies et objets publicitaires illustrés à destination des entreprises.
1. Pourrais-tu nous décrire une journée type de Reine Dibussi ?
Mes journées type dépendent de mes périodes de création ou des contrats ponctuels. Voici à quoi ressemble une journée type lorsque j’ai une commande.
Le matin à 5h40, séance de footing suivie de la douche. La journée commence vers 7h, petit déjeuner, devant une série télé (science-fiction ou fantastique de préférence).
Entre 9h et 10h, je m’installe devant mon poste de travail jusqu’à midi. Je prépare rapidement quelque chose à manger sur le pouce, et prends une pause de 45 min devant une autre série télé (animée, si possible). Puis, je me remets au travail de 14h jusqu’à 17h.
Je refais une pause d’une ou deux heures pour les tâches ménagères, ou activité sportive et autres tâches nécessaires à ma survie et à ma sociabilisation (rires). Je mange vers 20h et ensuite, je me remets au travail jusqu’à 1h voire 2h du matin.
2. Comment es-tu arrivée dans le dessin ?
Je dessine depuis l’enfance. J’ai toujours aimé créer des histoires et les illustrer. Je regardais beaucoup de dessins animés (les Aventuriers de l’espace, Kimbo, Lady Oscar, Nicky Larson, La reine du fond des temps, Street Fighter et Blue Seed.), de séries télé (Stargate, X-Or, Bioman) et je lisais beaucoup de BD et de livres illustrés (Les aventures de Kouakou, Iznogoud, Lucky Luke, Thorgal, les J’aime Lire, le Club des 5, Fantômette, Alice…) et après cela je m’enfermais dans ma chambre pour écrire mes propres histoires et dessiner mes propres personnages.
Ensuite, quand j’ai su que je voulais en faire un métier j’ai intégré l’Ecole Emile Cohl à Lyon, qui forme en dessin animé, illustration, BD, multimédia et jeu vidéo. J’ai eu mon diplôme et depuis, je trouve des moyens d’exercer mon métier.
3. Reine Dibussi, comment gères-tu un nouveau projet ? À quoi ressemble ton processus créatif ?
Voici mon processus lorsque j’entame un nouveau projet de BD, comme Mulatako par exemple.
Généralement j’imagine un personnage principal. Il faut que je crée un lien fort en quelques secondes avec ce personnage : j’imagine sa vie, ses batailles, ce qui la/le fait rire, pleurer, etc. A ce stade du processus, les idées se bousculent dans ma tête. Je les note toutes dans un carnet. Les pensées, les recherches, les axes de travail. Tout. C’est l’étape du brainstorming.
Dans un autre carnet je fais les premiers croquis pour donner vie aux personnages.
La deuxième étape est de recadrer tout cela avec le pitch de l’histoire. En quelques mots il faut que je résume où je vais, et pourquoi j’écris cette histoire.
La troisième étape est d’écrire mon histoire entièrement. C’est vite dit comme cela, mais cette étape m’a pris 4 mois dans le cas de Mulatako. C’est le plus difficile.
Une fois que l’histoire est écrite, j’entame l’étape la plus fun pour moi, celle du dessin et de la mise en page et voilà. La BD est finie.
Une fois de plus, ça paraît simple, mais dans le cas de Mulatako, qui est mon premier projet et le plus lourd, tout ce processus m’a pris 1 an et demi, en incluant le temps consacré à la recherche historique et à la formation en écriture du scénario.
4. Quels sont les outils qui, s’il t’était demandé de t’exiler sur une île déserte tu emporterais avec toi ?
Aaaalors, une trousse de toilette (juste le nécessaire hein, savon, brosse à dents, pâte dentifrice). Du matériel d’art et d’écriture (carnets de croquis, cahier, crayons, feutres, stylos et aquarelles). Et pour l’esprit et le moral, ma Bible, mon carnet de souvenir, plein de pop corn, un régime de plantain non mur (très important), de l’huile et une casserole pour faire des plantains frits, et enfin l’amour de ma vie. Voilà.
5. Enfin, Reine Dibussi, quels conseils/astuces donnerais-tu à quelqu’un qui envisage de commencer ce métier ?
Premièrement de bien se former et ne pas avoir peur de retourner en formation, de saisir toutes les occasions pour le faire (masterclasses, formations en ligne gratuites et payantes, etc) savoir reconnaître les opportunités.
Ensuite de bien s’entourer (famille), faire les bons choix, les assumer et enfin ne pas avoir peur de l’échec.
6. Parle nous un peu du projet Mulatako !
Mulatako est une BD de science-fiction jeunesse, inspirée de la mythologie Sawa, Camerounaise et plus précisément du mythe des mami-wata, encore appelés miengu en langues Duala et Malimba. En gros, la version africaine de la sirène !
Je vous en dévoile le synopsis : Jéméa est une jengu (mami-wata) de 10 ans, et élève en école d’initiation, qui est vraiment médiocre et à qui on annonce son redoublement au même moment où les dirigeant.e.s de leur monde viennent de prendre la décision d’exterminer son école d’initiation… Que va-t-il arriver à Jéméa et ses camarades ?
7. Quelle est ton actualité ? Quels sont tes projets en cours ou à venir ?
Actuellement, je suis à la recherche des fonds et des partenaires pour financer et m’accompagner dans la réalisation des tomes 2, 3 et 4 de Mulatako et du dessin animé qui va suivre, d’une part.
Et à la recherche de l’équipe pour le réaliser d’une autre part.
Je gère également un service de goodies et cadeaux illustrés pour les entreprises.
Merci pour cette interview. Et rendez-vous sur ma page Facebook.
Bonus : Pour la défense des droits des femmes
Retrouvez Reine sur son blog.