Interview : 15 minutes avec Elyon’s

Je ne trouvais tout simplement pas le bon prétexte pour lancer cette nouvelle série d’articles qui débute avec l’interview d’Elyon’s.

Mais la sortie récente de la vie d’Ebène Duta Tome 2, m’a permis (heureusement pour moi) de ne pas clôturer cette année sans publier les réponses d’Elyon’s à notre petit questionnaire.

La vie d’Ebene Duta : Tome 1, Tome 2 & Tome 3

Qui est Elyon’s ?

Je signe Elyon’s et je suis camerounaise.

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Joëlle Ebongue a.k.a Elyon’s. Photo par Alain Ngann.

Diplômée en lettres bilingues, puis en arts graphiques à St Luc de Liège (Belgique), j’ai animé plusieurs ateliers BD dans les instituts français, musées, associations et festivals en Belgique, Guadeloupe, et au Cameroun. j’ai été publiée chez Spirou, et dans des collectifs Libannais, Brésiliens et Camerounais.

C’est en 2008 que je me rend en Belgique, loin de mon pays natal, le Cameroun.

J’avais à l’époque 25 ans, mon entreprise venait de me proposer un CDI mais je voulais savoir ce que ma vie aurait été en auteur de bande dessinée.

C’est ma rencontre à Douala avec Eric Warnauts, auteur de bande dessinée belge et professeur à St Luc de Liège qui me poussera à choisir celle-ci.

Ce n’était pas facile pour mes parents de dire que leur enfant était partie en Europe faire de l’art graphique, alors que tout le monde y allait pour apprendre du droit ou de la médecine.

En 2011, après l’obtention de mon diplôme, je rentre au Cameroun pour travailler comme concepteur rédacteur à l’agence de communication MW DDB. En décembre 2013, je me consacre finalement à ma carrière d’auteur BD.

LVDD est ma première BD individuelle. Avec  déjà plus de 10 500 fans sur facebook répartis dans 40 pays dans le monde, c’est un projet qui me tient vraiment à cœur et qui a toutes les chances de devenir un succès grâce à vous !

Interview Elyon’s : et Ebène Duta alors ?

Une cuillère à soupe de poisse, une pincée de quiproquo, le tout saupoudré d’une dèche intense ! Bienvenue dans la vie d’ Ebène Duta (LVDD). Elle raconte l’aventure d’une jeune fille noire loin de son pays.

Cette expérience unique que chaque étranger vit au contact d’un nouveau monde, est racontée avec humour, légèreté, naïveté et parfois cynisme, sous forme de gags.

Mises en ligne il y a 1 an sur une page facebook, les (més) aventures d’ Ebène et ses copines rassemblent de plus en plus de fans dans l’attente d’une version papier, d’où l’envie de faire passer Ebène, du virtuel (numérique) au semi-réel (papier).

Ebène a quelques problèmes à accepter son physique
Ebène a quelques problèmes à accepter son physique
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Et ses amies essaient très maladroitement de lui remonter le moral
Elle a aussi un peu de mal à comprendre le regard parfois naïf mais cruel, des autres
Elle a aussi un peu de mal à comprendre le regard parfois naïf mais cruel, des autres

Interview : 15 minutes avec Elyon’s

Je souhaite rappeler que l’interview avec Elyon’s qui clôture cet article est datée du 20 avril 2015. Donc bien avant la sortie du tome 2 de La Vie D’Ebene Duta.

Elyon's égérie Amstel - Cameroun
Elyon’s égérie Amstel – Cameroun

1. Pourrais-tu nous décrire une journée type d’Elyon’s ?

Une journée type Elyon’s ? Hummm mes journées sont différentes. Quand je ne suis pas à des séances de dédicaces ou des interviews télé et radios, je dessine. Mais je suis très souvent devant mon ordinateur à traiter mes mails, surfer pour prendre le pouls de ce qui se fait dans divers domaines artistiques ou réfléchir à améliorer les activités sur ma page.

2. Comment es-tu arrivée dans le dessin ?

Depuis ma tendre enfance je suis passionnée de dessins animés. A force de les regarder j’ai eu envie de reproduire les dessins que je voyais à la télé. C’est ainsi que ma passion pour la BD est née. Actuellement, Je fais de la BD, assiste à des festivals, quelques fois à des expos, ou dirige des ateliers sur la bande dessinée, et autres arts graphiques. Depuis quelques temps je me consacre entièrement à cette passion et chaque jour regorge de surprises en tout genre.

3. Comment gères-tu un nouveau projet ? À quoi ressemble ton processus créatif ?

Je me pose énormément de questions avant de me lancer dans tout nouveau projet. L’écriture joue un rôle primordial dans mon processus créatif parce que ce sont les mots qui donnent naissance à l’image que l’on se fait dans son esprit. Une histoire bien écrite n’a pas forcément besoin de « jolis dessins », alors qu’une histoire banale compte énormément sur les effets graphiques pour impressionner.

4. Racontes nous un peu comment s’est déroulée ta campagne de crowdfunding ? Et comment tu en as eu l’idée ?

Je travaille sur le projet Ebene Duta depuis 2009. À la fin de ma formation, je suis me suis rendue auprès de plusieurs éditeurs qui ne trouvaient pas mon projet attrayant. Aucun d’entre eux ne trouvait un intérêt à publier une bande dessinée relatant les aventures d’une jeune africaine vivant en toute légalité sur le territoire européen.

Ce qu’ils voulaient tous c’était des histoires plus exotiques, de sans papiers ou alors de l’Afrique pré-coloniale.

La vie d’Ebène Duta sur http://fr.ulule.com/
La vie d’Ebène Duta sur http://fr.ulule.com/

L’un d’entre eux m’a conseillé de créer une page Facebook et de publier mes planches pour voir si je pouvais trouver un public. Le nombre de fan ne cesse de croître. C’est ainsi que passée la barre de 10 000 fans, je me suis lancée sur les conseils de Mathieu Diez (Directeur du Lyon BD Festival) dans le crowdfunding.

Cette collecte de fonds partait sur le principe du tout ou rien, c’est-à-dire que soit je réussissais à rassembler tous les fonds nécessaires -12500 euros en 88 jours- soit l’ensemble des fonds devait être restitué aux différents donateurs.

C’est galvanisant, mais aussi effrayant. J’étais dans un état de stress permanent. Grâce aux nombreux contributeurs, j’ai dépassé la barre des 15 000 euros et sorti la BD en Français et en Anglais.

5. Enfin, quels conseils/astuces donnerais-tu à quelqu’un qui envisage de commencer ce métier.

Le conseil que je peux donner à quelqu’un qui veut se lancer dans la bande dessinée, c’est la patience. Je travaille sur le projet depuis 2009 et c’est en 2014 qu’il à enfin vu le jour.

Ne jamais baisser les bras, bien mûrir son projet et être déterminé.

Pour en savoir un peu plus, faites un tour sur :

En espérant que vous avez apprécié l’interview d’Elyons et sa lecture, et que cela vous aura inspiré.